Maude Elyther
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"Athnuachan (prononcé « Anourhane »), L'Académie (tome 1) est le premier roman de Cyrielle Bandura. Il s'agit d'un récit de fantasy dans un univers post-apocalyptique. Les populations sont réunies sous forme de villages vivant en quasi autarcie, le tout se démarquant par une société matriarcale. Ce sont les femmes (enfin certaines, pas toutes) qui sont dotées de la magie, et cela fait plusieurs générations que les êtres humains se sont ainsi réconciliés avec la Nature. Malgré cet équilibre, on parle des Guerrières, ces femmes usant de la magie pour défendre les contrées des Dragons et d'autres créatures. C'est ainsi qu'est recrutée Sélène, alors âgée de huit ans, qui vit à l'écart des villageois avec sa mère, ancienne Guerrière, et leur chien, Hector. La jeune fille n'a qu'une mauvaise image de ces femmes "voleuses d'enfants", cependant elle n'aura pas le choix que de se rendre à l'Académie, pour y apprendre le combat et la magie.
Si le début du récit emprunte un chemin banalisé du genre, l'intrigue se nuance très rapidement et apporte des touches neuves. En effet, Sélène ne se révèlera pas l'élève parfaite, ni la fille adulée, et son fort tempéramment la fait se questionner autrement. C'est sur ce dernier point que va majoritairement porter l'histoire. Si son rôle est de tuer plus tard des Dragons, elle s'interroge sur ce rite d'initiation : pourquoi ceux-ci en voudraient-ils encore aux humains ? Sélène voue une sorte de fascination aux Dragons, ce qui se révèle être le fil conducteur de ce premier tome. Car, au cours des années qu'elle passe à l'Académie, elle ne va cesser de remettre en question certains acquis. En plus des Dragons, la magie qu'elle possède, différente de toutes les autres, interpelle à elle-seule les croyances établies. Sa magie détonne au sein de toutes ses camarades et de l'ensemble des Guerrières, et bien qu'il est impossible qu'elle lui vienne de son père (puisque les hommes en sont dépourvus), elle ignore l'identité de ce dernier.
Pour ma part j'avais compris dès les premières pages ce dont il retournait (mais aux regards de plusieurs similitudes entre mes écrits les plus récents, et notamment celui en cours, et l'univers que nous présente ici Cyrielle, ce n'est peut-être pas le point de vue lectrice qui parle ici ^^) Pourtant cela n'a pas gâché mon plaisir de lecture. Cyrielle prend le temps de poser tout ce petit monde, et si l'histoire suit plus spécialement Sélène (narration à la première personne), on découvre avec elle l'Académie, on apprend certaines bases croyantes... Et avec le temps qui passe, l'évolution des différents personnages est criant de réalisme, on s'attache à eux, on vit leurs relations. Sélène est une hypersensible : mille et une questions/pensées tournoient constamment dans sa tête, elle prend les choses très à coeur, ses émotions paraissent décuplées, d'autant plus marquées par ses moments d'introspection. Elle va aimer avec force, presque avec désespoir lorsqu'elle rencontrera certaines épreuves. Durant ce premier tome, onze années s'écoulent, onze années durant lesquelles elle va être confrontée à des rites de passage (adolescence, âge adulte...) et avec eux culpabilité, peur, responsabilités, rapport aux autres, amitié et amour.
Après des débuts difficiles à l'Académie, Sélène se révèle la meilleure de la nouvelle génération de Guerrières. Elle est même élevée au rang d'Élue : elle devra affronter le prochain Dragon. Cette annonce marquera fortement sa peur face aux responsabilités que ce nouveau statut incombe, à moins que cette réticence ne réponde à ses propres questionnements à propos des Dragons et d'elle-même... Sa magie n'est pas affiliée à l'un des éléments fondamentaux, de ce fait elle ne la pense pas de la même manière que ses camarades usent de la leur. À l'Académie, elle ne trouve pas les réponses quant à ses origines, malgré son insatiable quête vers elle-même. C'est le point fort de ce roman à mes yeux : Sélène cherche sans cesse à se comprendre, à s'accepter dans sa différence... En électron libre au sein de cette nouvelle famille que représentent les Guerrières, elle ne laisse personne indifférente (qu'elle soit enquiquinante de service ou attachante). Intuitive, elle sait s'entourer des bonnes personnes (Cara, Maitilde, Nola, même Deirdre), et c'est justement tout ce patchwork de relations (amicales et amoureuse - mention spéciale pour la présence d'une romance F/F) qui la guide sur son chemin, qui la pousse toujours plus loin, qui la conforte aussi.
Malgré le mystère qu'elle entretient quant à son père, la mère de Sélène est également un personnage très important dans l'évolution de celle-ci. Elle fera plusieurs fois son apparition tout au long du récit. C'est par elle, plus précisément par le biais des histoires qu'elle raconte au tout début à Sélène, que commence la fascination de notre héroïne pour les Dragons. C'est elle qui la guide également à propos de la peception et de l'utilisation de sa magie si différente de toutes les autres. Sa meilleure amie, Cara, l'encourage constamment. Maitilde l'accompagnera à découvrir sa magie. Avec Nola, Sélène vivra intensément ses émotions, que Deirdre l'aidera à gérer (car ses émotions sont directement liées à sa magie). Sélène se construit grâce à tous ces personnages, mais malgré tout, elle éprouve constamment cet étrange sentiment, celui d'être différente, et seule. C'est à ces moments que la présence de la nature est sublimée, est mise en avant. Si l'Académie est sous-terraine, Sélène se rend constamment à l'extérieur, pour lire, s'entraîner avec Maitilde, mais aussi se ressourcer, et plus particulièrement lorsque la nuit tombe. Elle est comme destabilisée sous la chaleur du soleil, tandis que dans la douceur des ténèbres, elle se sent...à sa place, sereine. J'ai beaucoup aimé cette relation/connexion avec la nature (la terre, la végétation,...) et le regard que Sélène porte sur elle.
Depuis son arrivée à l'Académie, Sélène a apprit à se défendre, à se servir de sa magie, et à présent qu'elle est l'Élue, la voilà sur le point d'embrasser son destin...sauf qu'il n'est pas celui projeté par toutes ces années d'apprentissage et de savoirs. Enlevée par un Dragon Ténèbres, il lui est impossible d'affronter celui qui lui était "destiné" pour achever son initiation. Et alors sa conscience se retrouve partagée entre ce qu'on lui a enseigné à propos de ces ennemis à écailles, et entre ses propres réflexions sur leur compte.
Pourquoi son ravisseur ne l'a pas tuée ? Pourquoi l'empêche-t-il d'accomplir son devoir ?
Et si la destinée de Sélène était ailleurs ?
À la jonction des chemins banalisés, Sélène va se retrouver face à une réalité bien plus sombre qui promet d'insuffler bien des bouleversements, et ce à différentes échelles, notamment sur l'Histoire de Mór-roinn."
"Athnuachan (prononcé « Anourhane »), L'Académie (tome 1) est le premier roman de Cyrielle Bandura. Il s'agit d'un récit de fantasy dans un univers post-apocalyptique. Les populations sont réunies sous forme de villages vivant en quasi autarcie, le tout se démarquant par une société matriarcale. Ce sont les femmes (enfin certaines, pas toutes) qui sont dotées de la magie, et cela fait plusieurs générations que les êtres humains se sont ainsi réconciliés avec la Nature. Malgré cet équilibre, on parle des Guerrières, ces femmes usant de la magie pour défendre les contrées des Dragons et d'autres créatures. C'est ainsi qu'est recrutée Sélène, alors âgée de huit ans, qui vit à l'écart des villageois avec sa mère, ancienne Guerrière, et leur chien, Hector. La jeune fille n'a qu'une mauvaise image de ces femmes "voleuses d'enfants", cependant elle n'aura pas le choix que de se rendre à l'Académie, pour y apprendre le combat et la magie.
Si le début du récit emprunte un chemin banalisé du genre, l'intrigue se nuance très rapidement et apporte des touches neuves. En effet, Sélène ne se révèlera pas l'élève parfaite, ni la fille adulée, et son fort tempéramment la fait se questionner autrement. C'est sur ce dernier point que va majoritairement porter l'histoire. Si son rôle est de tuer plus tard des Dragons, elle s'interroge sur ce rite d'initiation : pourquoi ceux-ci en voudraient-ils encore aux humains ? Sélène voue une sorte de fascination aux Dragons, ce qui se révèle être le fil conducteur de ce premier tome. Car, au cours des années qu'elle passe à l'Académie, elle ne va cesser de remettre en question certains acquis. En plus des Dragons, la magie qu'elle possède, différente de toutes les autres, interpelle à elle-seule les croyances établies. Sa magie détonne au sein de toutes ses camarades et de l'ensemble des Guerrières, et bien qu'il est impossible qu'elle lui vienne de son père (puisque les hommes en sont dépourvus), elle ignore l'identité de ce dernier.
Pour ma part j'avais compris dès les premières pages ce dont il retournait (mais aux regards de plusieurs similitudes entre mes écrits les plus récents, et notamment celui en cours, et l'univers que nous présente ici Cyrielle, ce n'est peut-être pas le point de vue lectrice qui parle ici ^^) Pourtant cela n'a pas gâché mon plaisir de lecture. Cyrielle prend le temps de poser tout ce petit monde, et si l'histoire suit plus spécialement Sélène (narration à la première personne), on découvre avec elle l'Académie, on apprend certaines bases croyantes... Et avec le temps qui passe, l'évolution des différents personnages est criant de réalisme, on s'attache à eux, on vit leurs relations. Sélène est une hypersensible : mille et une questions/pensées tournoient constamment dans sa tête, elle prend les choses très à coeur, ses émotions paraissent décuplées, d'autant plus marquées par ses moments d'introspection. Elle va aimer avec force, presque avec désespoir lorsqu'elle rencontrera certaines épreuves. Durant ce premier tome, onze années s'écoulent, onze années durant lesquelles elle va être confrontée à des rites de passage (adolescence, âge adulte...) et avec eux culpabilité, peur, responsabilités, rapport aux autres, amitié et amour.
Après des débuts difficiles à l'Académie, Sélène se révèle la meilleure de la nouvelle génération de Guerrières. Elle est même élevée au rang d'Élue : elle devra affronter le prochain Dragon. Cette annonce marquera fortement sa peur face aux responsabilités que ce nouveau statut incombe, à moins que cette réticence ne réponde à ses propres questionnements à propos des Dragons et d'elle-même... Sa magie n'est pas affiliée à l'un des éléments fondamentaux, de ce fait elle ne la pense pas de la même manière que ses camarades usent de la leur. À l'Académie, elle ne trouve pas les réponses quant à ses origines, malgré son insatiable quête vers elle-même. C'est le point fort de ce roman à mes yeux : Sélène cherche sans cesse à se comprendre, à s'accepter dans sa différence... En électron libre au sein de cette nouvelle famille que représentent les Guerrières, elle ne laisse personne indifférente (qu'elle soit enquiquinante de service ou attachante). Intuitive, elle sait s'entourer des bonnes personnes (Cara, Maitilde, Nola, même Deirdre), et c'est justement tout ce patchwork de relations (amicales et amoureuse - mention spéciale pour la présence d'une romance F/F) qui la guide sur son chemin, qui la pousse toujours plus loin, qui la conforte aussi.
Malgré le mystère qu'elle entretient quant à son père, la mère de Sélène est également un personnage très important dans l'évolution de celle-ci. Elle fera plusieurs fois son apparition tout au long du récit. C'est par elle, plus précisément par le biais des histoires qu'elle raconte au tout début à Sélène, que commence la fascination de notre héroïne pour les Dragons. C'est elle qui la guide également à propos de la peception et de l'utilisation de sa magie si différente de toutes les autres. Sa meilleure amie, Cara, l'encourage constamment. Maitilde l'accompagnera à découvrir sa magie. Avec Nola, Sélène vivra intensément ses émotions, que Deirdre l'aidera à gérer (car ses émotions sont directement liées à sa magie). Sélène se construit grâce à tous ces personnages, mais malgré tout, elle éprouve constamment cet étrange sentiment, celui d'être différente, et seule. C'est à ces moments que la présence de la nature est sublimée, est mise en avant. Si l'Académie est sous-terraine, Sélène se rend constamment à l'extérieur, pour lire, s'entraîner avec Maitilde, mais aussi se ressourcer, et plus particulièrement lorsque la nuit tombe. Elle est comme destabilisée sous la chaleur du soleil, tandis que dans la douceur des ténèbres, elle se sent...à sa place, sereine. J'ai beaucoup aimé cette relation/connexion avec la nature (la terre, la végétation,...) et le regard que Sélène porte sur elle.
Depuis son arrivée à l'Académie, Sélène a apprit à se défendre, à se servir de sa magie, et à présent qu'elle est l'Élue, la voilà sur le point d'embrasser son destin...sauf qu'il n'est pas celui projeté par toutes ces années d'apprentissage et de savoirs. Enlevée par un Dragon Ténèbres, il lui est impossible d'affronter celui qui lui était "destiné" pour achever son initiation. Et alors sa conscience se retrouve partagée entre ce qu'on lui a enseigné à propos de ces ennemis à écailles, et entre ses propres réflexions sur leur compte.
Pourquoi son ravisseur ne l'a pas tuée ? Pourquoi l'empêche-t-il d'accomplir son devoir ?
Et si la destinée de Sélène était ailleurs ?
À la jonction des chemins banalisés, Sélène va se retrouver face à une réalité bien plus sombre qui promet d'insuffler bien des bouleversements, et ce à différentes échelles, notamment sur l'Histoire de Mór-roinn."